La Fabrik
La fragilité est le propre de la mémoire.
La migration a différentes facettes, elle concerne toutes celles et tous ceux qui, par des évènements différents et des raisons aussi diverses, sont obligés de quitter leur lieu de vie pour d’autres lieux et d’autres rencontres. Elle s’incarne par l’intégration/acceptation ou le rejet, le retour ou l’installation, l’apport culturel et économique des émigrés. Elle s’inscrit dans leur territoire d’accueil, avec engagement ou résignation, le lien entre passé et présent, le lien entre anciennes et nouvelles générations.
Partant de l’idée d’une mémoire collective composée d’une myriade de récits, d’histoires, de questionnements et d’expériences éparpillées dans nos mémoires individuelles, nous visons à identifier une multitude de voix afin de mettre en évidence la pluralité de l’Histoire, car l’Histoire se doit d’être contée dans sa pluralité et en laissant place à ce qu’elle peut véhiculer d’universel.
Cette performance multidisciplinaire propose un voyage sensoriel dans lequel le spectateur-voyageur va être immergé dans un univers géographique et temporel suscitant sa curiosité et provoquant une réflexion, une mise en question de ses propres valeurs et visions.
L’émotion d’un texte recité, le travail sur le corps et le mouvement expressif, le travail sonore, des images à l’écran renforceront la plongée du spectateur dans un périple « inoubliable ».
Au cours du voyage, la dimension intemporelle se révèle : vivre entre deux ou plusieurs cultures, être tiraillé entre racines et nouveautés, zwischen zwei Stuehlen est le propre du migrant, de l’exilé, du refugié, du nomade…
Déraciné.e.s - nouvelle création 2024
Déraciné.e.s est le résultat de la rencontre entre recherche scientifique et création artistique. A l’Université Clermont Auvergne, Mme Bettina Severin-Barboutie, professeure d’histoire contemporaine, travaille sur l’histoire des agences en charge de recruter de la main d’œuvre pour les pays du nord de l’Europe à partir de 1945. Le but est non seulement de faire connaître cette histoire, mais également de mieux saisir l’histoire des migrations économiques après 1945, au centre desquelles sont les régions du sud et du sud-est de l’Europe, pauvres en emploi mais riches en main d’œuvre.
On ne parle pas assez de ces migrations des années ‘50, ‘60 et ‘70 ; l’industrie hollywoodienne ne s’est jamais tournée vers cette période de l’histoire moderne, probablement moins fascinante et , par conséquent, moins inspiratrice pour écrire des scénarios de films.
Cette émigration, comme toute autre émigration, concerne bien plus de personnes que les migrants eux-mêmes. De part ma réflexion artistique, je souhaite contribuer à la transmission de cette Histoire à un large public mais également je souhaite dépasser le cadre universitaire et les frontières nationales afin d’initier, par une performance pluridisciplinaire, une mémoire transnationale des migrations.
Mais pas uniquement… car ce cheminement créatif me ramène à ma propre expérience de vie, aux 30 ans passés hors d’Italie, ma terre natale.
Pour ce faire, je souhaite me confronter aux vécus de personnes qui, par choix ou par nécessité, sont de véritables nomades comme moi.
Quelques images de la toute première session d’improvisation chorégraphique pour notre nouvelle création DÉRACINÉ.E.S.
Nous avons échangé autour du sujet du déracinement et permis à nos corps d’exprimer librement nos ressentis
Novembre 2023. Filme’ au Centre Chorégraphique de Strasbourg.
Mots-clés : mémoire/nostalgie/partir/déracinement/attentes/déception/ intégration
Danseuses : Etoile/chorégraphe Emmanuelle Grizot & Sabrina Zuber